AMANDINE GEERS (1999)
  • ACCUEIL
  • LIVRES
  • ATELIERS CUISINE
  • CUISINE À DOMICILE
  • PRESTATIONS
  • MÉDIAS & RÉFÉRENCES
  • Blog

BLOG

Illustration : Emmanuel Denis-Touron

OBJECTIF ZERO DÉCHET

28/2/2018

0 Commentaires

 
On parle de plus en plus de cuisine Anti-gaspi ou Zéro déchet. Et c'est tant mieux.

​Nous vous invitons aujourd'hui à lire ou à relire une interview de Florence Couraud, directrice du Centre National d’Information Indépendante sur les Déchets (CNIID) en 2006. Aujourd'hui le CNIID est devenu Zéro Waste France.  

Nous avons réalisé cette interview il y a 12 ans. Elle fut publiée dans Crash Magazine en Juin 2006.
En fin d'article la recette incontournable du GASPACHO TOUT VERT où rien ne se perd. 
Photo

​OBJECTIF ZÉRO DÉCHET  
Fin annoncée de la société du tout jetable


San Francisco, Toronto ou la Nouvelle-Zélande se fixent l’objectif « zéro déchet » d’ici 5 à 15 ans affichant des techniques alternatives et innovantes. En comparaison, les objectifs français de réduire de 13% le volume de nos déchets en 5 ans paraissent dérisoires. Rencontre avec Florence Couraud, directrice du Centre National d’Information Indépendante sur les Déchets (CNIID).

Quel est le rôle du CNIID ?

Depuis sa création en 1997, le CNIID dénonce l’impact sanitaire de l’incinération (dioxine) de nos déchets et propose des alternatives, l’objectif affiché étant : la réduction des déchets à la source. Notre rôle est d’une part de faire évoluer nos modes de consommation en informant le citoyen et d’autre part, de faire pression sur les industriels afin de faire évoluer leurs comportements et leurs modes de production.

Quelle est la situation en France ?

Il y a deux constats à faire : notre production de déchets augmente en quantité (1) et en toxicité. Aujourd’hui on trouve beaucoup de matériaux complexes, de produits dangereux et quantité de substances chimiques sont incorporés dans des biens de consommation courante.
Environ 80% de nos déchets ménagers sont traités par incinération et enfouissement. Les 20% restants font l’objet d’une valorisation matière, c’est-à-dire que 12% sont recyclés et 6 à 8% sont compostés.
Or, il y a de nombreux exemples de collectivités qui parviennent à une valorisation matière de 80%, c’est-à-dire que l’on peut inverser totalement la tendance.

Comment pourrions-nous concrètement inverser la tendance ?

Pour faire très simple prenons l’exemple de notre poubelle. On trouve 30% de déchets fermentescibles : déchets organiques, végétaux, restes de repas, tout ce qui se bio dégrade très rapidement à l’opposé des matériaux comme le  plastique qui met des centaines d’années. La première chose à faire est de séparer ces déchets organiques du reste de la poubelle. C’est un non-sens de les brûler et ces fermentescibles sont à l’origine de nombreux problèmes si on les met en décharge. Donc, après compostage de ces 30% de déchets, il reste, selon les chiffres de l’ADEME (2), environ 50% de déchets recyclables. Nous arrivons donc à une valorisation matière de 80%, c’est-à-dire l’inverse de ce qui se passe aujourd’hui.

Ce schéma relève de l’évidence. Pourquoi en sommes-nous si loin ?

Il y a plusieurs exemples, en France ou en Belgique, de collectivités qui atteignent des taux de valorisations de 70 à 80%. À l’échelle d’un pays, la Finlande valorise 55% de ses déchets (contre seulement 20% pour la France). Nous avons des solutions à portée de main et des démonstrations concrètes que cela fonctionne.
En France, le lobby de l’incinération est très puissant et représente un marché financier juteux (3). Or, tant qu’il y aura cette pression pour construire des incinérateurs, toute la logique de développement des alternatives perdra tout son intérêt.
On note cependant des initiatives positives : certains départements votent des plans d’élimination des déchets sans incinération.

Quels sont les problèmes sanitaires liés à l’enfouissement et à l’incinération ?

Aujourd’hui, nos déchets sont plus dangereux et plus volumineux. Le problème de l’enfouissement est que l’on ne peut pas assurer l’étanchéité des décharges. Nous avons constaté que les membranes plastiques utilisées sont souvent perforées et que des jus toxiques pénètrent dans les sols et les nappes phréatiques.
Une des grosses problématiques des déchets concerne les fermentescibles qui sont encore enfouis avec le reste des déchets. Ces fermentescibles ont 2 effets néfastes : un, ils fermentent et produisent du méthane, un puissant gaz à effet de serre ; deux, au cours de leur fermentation ils attaquent les métaux, les piles…et sont à l’origine des jus toxiques.
En ce qui concerne l’incinération c’est plus nuancé : il y a une énorme controverse sanitaire autour de l’incinération. Les vieux incinérateurs considérés comme dangereux ont été fermés et on nous dit que la nouvelle génération ne pose aucun problème. C’est un discours contre lequel nous nous inscrivons en faux. Les fumées et les cendres rejetées par les incinérateurs contiennent de la dioxine, molécule extrêmement dangereuse même à des doses infinitésimales, ainsi que des quantités importantes de métaux lourds et autres substances toxiques (4).
Nous considérons également que cette méthode bloque toute tentative de réduction des déchets à la source. Une fois construit un incinérateur doit être rentabilisé et il se trouve que ce qui brûle bien c’est aussi ce qui se recycle bien aussi. Si nous poussions la logique de tri à son maximum et si nous mettions en place une vraie politique de valorisation matière (compostage, recyclage…), l’incinération perdrait toute justification. Selon nous, cette technique est obsolète et dangereuse. Les matières sont précieuses, nous avons mieux à faire que de les brûler.
 
Régler le problème des déchets organiques paraît relativement simple à la campagne où il est facile de réserver un coin de jardin pour composter, mais en ville, ça paraît irréalisable.

Le compostage peut vraiment être fait  à toutes les échelles que ce soit à titre individuel en appartement grâce au lombricomposteur (5) ou à l’échelle collective. J’habite moi-même à Paris et j’utilise un lombricomposteur : c’est un bac étanche où l’on met tous les déchets organiques. Des vers de terre s’occupent dans l’ombre du travail de transformation. On obtient un engrais liquide à raison d’environ 10 cl tous les 10-15 jours. C’est un système sans aucune nuisance : pas d’odeur, ni de vers de terre qui s’échappent ! Des plateformes de compostage collectives existent dans de grosses métropoles comme à San Francisco, Munich, ou encore en Espagne et en Belgique.

Le système des poubelles de tri n’est pas toujours respecté. Demander de trier en plus les déchets de cuisine paraît utopique.

Un moyen très efficace de dynamiser l’envolée de ces alternatives est la motivation financière. En France, on ne paye pas en fonction de ce que l’on jette (6). Il paraîtrait logique de faire évoluer ce mode de financement et de faire payer les gens en fonction de leur volume de déchets afin de responsabiliser les gens. Le système est déjà en place en Belgique et en Suisse. L’Irlande a fait des études au préalable et les résultats étaient si impressionnants que toute l’Irlande est passée à un système de pesée / embarquée.
À Zurich lorsque l’on a mis en place ce système de redevance, on a constaté l’effet en amont de la chaîne : les citoyens n’avaient plus envie de ramener chez eux des emballages volumineux. Ils laissaient ces emballages sur le lieu d’achat. Donc les industriels ont été obligés de faire évoluer ces emballages vers quelque chose de plus léger parce que sinon ça leur restait sur les bras.

C’est vrai que les industriels ont leur part de responsabilité.

Si l’on fait payer le citoyen en fonction de ce qu’il jette, il est normal d’appliquer le même système aux industriels. Aujourd’hui les industriels mettent des produits sur le marché sans se soucier de leur fin de vie qui est assumée financièrement par la société. En France, les industriels subissent si peu de pression que cela n’a encore eu aucun effet sur la réduction des emballages qui sont considérés comme un précieux outil marketing. Or, les emballages représentent 20 à 30% du produit. Parfois, l’emballage coûte plus cher que le  produit lui-même (mini doses de vinaigrette, sucre, café…). En fait, on paie l’emballage deux fois : lors de l’achat et au moment du traitement du déchet puisque c’est le contribuable qui assume ce coût.

Il vaut mieux traiter le problème par anticipation : le tri c’est bien, mais réduire les déchets à la source, c’est mieux.


Oui, parce que lorsque les déchets sont là, il n’y a pas de solution miracle pour les faire disparaître.
Au quotidien il faut appliquer le principe des 3 R : réduction, réutilisation, recyclage. En France, nous avons eu droit à une communication un peu trouble sur le recyclage : en gros, vous pouvez continuer à acheter, ce sera recyclé. Or, on l’a vu, seul 12% de notre poubelle est réellement recyclé. De plus, le recyclage est un processus industriel qui nécessite de l’énergie et  émet des pollutions.
Donc au quotidien, on peut déjà éviter les inutilités, préférer les alternatives durables, éviter les sacs plastiques, les produits sur emballés, les mini doses, les lingettes pour nettoyer du sol au bébé …
Grâce à ces méthodes simples comme la réduction des déchets à la source, la réutilisation, la réparation, le recyclage ou le compostage et en faisant évoluer les modes de production, certains pays comme la Nouvelle-Zélande, certaines villes du Canada, des États-Unis vont tenter de répondre à l’objectif qu’ils se sont fixé : zéro déchet.
Déjà, la Californie a des taux de recyclage qui atteignent 30%, le double de ce que l’on atteint en France. Au Massachusetts, les déchets toxiques ont été réduits de 50%. Au Danemark, en Angleterre et en Suède, certains parcs industriels fonctionnent en circuits fermés, c’est-à-dire que certaines industries rejètent des déchets qui sont utilisés par une autre industrie comme produit pour fonctionner. Ainsi, différentes industries sont reliées entre elles, sans produire aucun déchet.
De plus, il y a un potentiel énorme, en terme économique à modifier nos comportements.
La problématique des déchets est un formidable défi à relever qui demande de stimuler notre créativité, de faire preuve d’imagination et d’innovation.
 
Entretien réalisé par Amandine Geers et Olivier Degorce (What’s For Dinner) http://whats-for-dinner.info
CNIID : 21 rue Alexandre Dumas. 75011 Paris. 01 55 78 28 60. info@cniid.org. http://www.cniid.org
(1) Un français rejette en moyenne 500 kg de déchets ménagers par an.
(2) ADEME www.ademe.fr
(3) Avec 130 incinérateurs sur le territoire, la France est pratiquement la championne du monde de l’incinération.
(4) Outre le cancer, les dioxines provoquent des malformations à la naissance et détraquent notre système immunitaire (moins grande résistance aux maladies infectieuses). Agir pour l’environnement- Campagne n°19.
(5) Lombricomposteur d’appartement ou en extérieur www.verslaterre.fr
(6) Généralement c’est une taxe d’enlèvement des ordures ménagères basée sur la valeur locative de l’habitation sans aucun lien avec la production de déchets

GASPACHO TOUT VERT

Recette extraite du livre "Je cuisine les fanes" Amandine Geers et Olivier Degorce. Editions Terre Vivante 2011
Photo
Photo
Un gaspacho vite fait bien fait et très économique. Conservez le au frais pour en accroître les saveurs et obtenir une entrée rafraichissante.

Ingrédients pour 2 personnes

1 demi concombre
1 poignée de fanes de radis (presque un bouquet)
1 ou 2 gousses d’ail
1 petit oignon
2 c. à soupe d’huile d’olive
2 c. à soupe de vinaigre
sel et poivre ou piment
eau
 
Lavez soigneusement les fanes. Lavez le concombre, prélevez les graines et coupez le concombre en dés. Mettez le tout dans le blender : les dés de concombre, les fanes, l’ail et l’oignon épluchés et dégermés. Ajoutez le vinaigre et l’huile d’olive ainsi qu’un demi-verre d’eau pour activer le blender. Salez et poivrez. Mixez finement en rectifiant avec l’eau. On obtient un gaspacho épais et bien relevé. Les saveurs sont s’accentuer pendant que le gaspacho sera mis au frais avant de servir.
 
Variante :  testez aussi en ajoutant 1 demi avocat pour plus d’onctuosité
0 Commentaires



Laisser un réponse.

    Bonjour

    Depuis plus de 20 ans, la cuisine est pour moi un accès vers un mode de vie plus juste, plus simple mais néanmoins ambitieux : nos trois repas quotidiens se répercutent sur notre santé mais aussi sur l’équilibre économique, écologique, sanitaire, éducatif, philosophique, spirituel de notre société. Quelle chance de pouvoir interagir sur tout ça rien qu'en mangeant !

    Archives

    Mai 2022
    Novembre 2019
    Septembre 2019
    Mai 2019
    Avril 2019
    Septembre 2018
    Mai 2018
    Février 2018
    Janvier 2018
    Novembre 2017
    Octobre 2017
    Septembre 2017
    Août 2017
    Juillet 2017
    Avril 2017
    Mars 2017
    Janvier 2017
    Août 2016
    Mai 2016
    Avril 2016
    Février 2016
    Janvier 2016
    Avril 2014
    Janvier 2014
    Décembre 2013
    Novembre 2013

    Categories

    Tous
    Actualité

    Flux RSS

Propulsé par Créez votre propre site Web à l'aide de modèles personnalisables.
  • ACCUEIL
  • LIVRES
  • ATELIERS CUISINE
  • CUISINE À DOMICILE
  • PRESTATIONS
  • MÉDIAS & RÉFÉRENCES
  • Blog